Interphone, Une étude frustrante, qui porte sur une époque révolue

Etude interphone

Les résultats de l’étude Interphone sur le risque de cancers cérébraux lié à l’utilisation du téléphone mobile sont sortis en 2010, alors que leur publication était originellement attendue pour… 2004. Lancé en 2000 sous l’égide du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), cet ensemble d’études cas-témoins conduites dans treize pays était censé permettre d’y voir plus clair et disposait de moyens conséquents.

Interphone était dotée d’un financement national et européen de 19,2 millions d’euros, dont 5,5 millions provenant des industriels du secteur, mais avec un « pare-feu » : les fonds transitaient par l’Union internationale contre le cancer (UICC) afin de maintenir l’indépendance des chercheurs.

Comment expliquer un si long retard ? Certains résultats nationaux, comme ceux des Suédois, allaient dans le sens d’un accroissement du risque de gliome, quand ceux des Britanniques ne trouvaient pas d’augmentation du risque. Les 21 membres du groupe d’étude se sont donc déchirés au moment de conclure, une partie des experts estimant que l’accroissement du risque n’était dû qu’à des biais statistiques, une autre qu’il s’agissait là d’un effet néfaste des ondes de radiofréquence, tandis que le dernier tiers jugeait qu’il était impossible de conclure.

Des atermoiements qui ont alimenté les rumeurs, tant il est vrai que les querelles d’épidémiologistes autour de la méthodologie et des biais statistiques passent au-dessus de la tête du commun des mortels. Etablir l’existence d’une association entre l’exposition à un facteur et la survenue d’un événement n’est pas synonyme de lien de causalité. Néanmoins, les résultats d’Interphone ne peuvent suffire à rassurer.

Le temps a joué contre les responsables de l’étude. Le nombre d’utilisateurs depuis au moins dix ans d’un téléphone mobile s’est considérablement accru, les appareils ont changé et exposent à une dose moindre de radiofréquences, mais l’usage intensif, notamment par les jeunes, exclus d’Interphone, est plus répandu.

L’étude documente une période révolue de la téléphonie mobile. Il n’est pas évident qu’une entreprise d’une telle ampleur voie de nouveau le jour de sitôt, même si l’Union européenne finance le projet Mobi-Kids sur le risque de tumeurs cérébrales lié à l’utilisation de téléphones mobiles dans l’enfance et l’adolescence. Il faudra faire avec les limitations d’Interphone et les frustrantes « zones grises » de l’épidémiologie.

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