La révolution énergétique de l’Allemagne et les risques sur la santé causés par le rayonnement électromagnétique et les champs électriques des nouvelles lignes hautes tensions

L’Allemagne débranche une à une toutes ses centrales nucléaires et cela aura de lourdes conséquences. Le bouquet énergétique de la première économie européenne est en pleine mutation. En 2050, l’Allemagne pourrait produire environ 80 % de son approvisionnement total en énergie via des énergies renouvelables. Et c’est bien cela le problème, les lignes à haute tension déjà existantes ne sont pas assez puissantes pour transporter la masse d‘énergie éolienne produite dans le nord du pays vers le sud qui en manque.

L’Allemagne a besoin rapidement de 4000 kilomètres supplémentaires de lignes haute-tension, et l’Europe encore plus.

Il faut donc moderniser le réseau et gérer tous les problèmes liés à cette rénovation du quadrillage.

“On bouge beaucoup, oui”, explique un technicien. “J’ai déjà travaillé en Irlande et quand la tempête Lothar a frappé la France, nous nous sommes précipités là bas. Les pylônes ont été brisés comme des allumettes. Mon collègue Karl s’est aussi faite une certaine expérience en Italie”.

“Ils ont d’autres lignes de transmission en Italie, des cables en acier de 18 millimètres d‘épaisseur. Imaginez le poids. Pas question d’avoir le vertige, ni peur bien sûr. Vous devez faire attention, là-haut à comment vous vous déplacez ou comment vous placez vos pieds”, rajoute Karl.

“Vous devez être en bonne condition physique. Pas besoin de salle de gym, les pylônes suffisent, c’est du tout inclus, pratique musculaire, escalade, c’est presque de l’alpinisme”, dit-il encore.

Partons à la rencontre des collègues de Franck et Karl. Direction un parc éolien en mer, c’est là que s‘écrit le deuxième chapitre de la révolution énergétique allemande. L’Allemagne a décidé de mettre en place d‘énormes parcs éoliens. Une première solution, mais un premier problème. l‘énergie éolienne déstabilise le réseau.

Troquer l‘énergie nucléaire contre un mix énergétique misant sur le renouvelable a un prix.

Rien que la modernisation du quadrillage électrique et son raccordement à la grille offshore va déja coûter 12 milliards d’euros.

Aujourd’hui, quand la production d‘énergie éolienne est trop importante, l’Allemagne doit stopper une partie de ses éoliennes, les lignes de transmission n‘étant pas toujours capables de recevoir une telle quantité d‘énergie produite.

Nous arrivons à Brauweiler, près de Cologne, dans l’un des principaux centres

de conduite du réseau électrique du pays.

La vigilance est de mise, remplacer l‘énergie nucléaire par l‘énergie éolienne est un stress supplémentaire. Au printemps, l’Allemagne a débranché huit centrales nucléaires. Tous les gros organes de transmission on tiré la sonnette d’alarme.

«A l’heure actuelle, l’Allemagne est bien plus dépendante des importations d‘électricité qu’elle ne l‘était récemment. Et c’est un problème car durant l‘été, on peut se retrouver dans une situation délicate lorsque nos voisins produisent moins d‘électricité et nous en vendent donc moins. Et cette situation peut devenir très critique en Hiver. Si les températures sont très basses, dans le pire des scénari, la France n’aura pas de surplus d‘électricité à offrir à l‘étranger, ce qui pourrait entraîner des problèmes sur les grilles de transmission et donner lieu à des coupures régionales de courant”, explique Marian Rappl, le porte-parole du groupe allemand de services aux collectivités, RWE.

Afin d‘éviter le blackout, le gouvernement a pressé les société de transmission d’accélérer la modernisation des liaisons électriques nord-sud.

Raesfeld, près de la frontière néerlandaise. La révolution énergétique de l’Allemagne et le remodelage du réseau de transmission vont prendre des années! La construction massive de lignes à haute tension est critiquée par les citoyens qui vivent à proximité des lieux d’installation des futurs pylones. Partout en Allemagne des mouvements locaux de protestation montent au créneau.

“Je ne veux pas vivre avec, à 60 mètres au dessus de moi, des lignes haute tension qui transportent 380.000 volts”, dit Gaby Bishop de la  Bürgerinitiative Erdkabel.

“J’ai peur des risques pour la santé causés par le rayonnement électromagnétique et les champs électriques. J’ai peur des risques de troubles du sommeil, de crise cardiaque ou de leucémie pour les enfants”, dit encore Sven Schwardmann.

“Ce serait une bonne solution de changer toutes ces lignes haute tension aériennes en cablages souterrains. La totalité des 200 km de ce quadrillage doit être enterré”, termine Gaby Bishop.

Mais comparé aux lignes aériennes, le cablage souterrain coûte jusqu‘à dix fois plus cher, ce qui ne motive donc pas vraiment les entreprises du réseau.

La décision du gouvernement de débrancher toutes ses centrales nucléaires d’ici 2022 met les gros fournisseurs d‘énergie dans une situation inconfortable.

Direction Essen et le siège de RWE, l’un des grands perdants de la révolution énergétique allemande.

“L‘économie allemande a besoin d‘énormes investissements de notre part. Un institut de recherche a calculé que le remodelage allemand en matière d’approvisionnement en énergie nécessitait 55 milliards d’euros. Les entreprises du secteur nucléaire ont accepté des pertes, car ce sont des centrales encore productives qui ont ou vont être débranchées. Elles ne produiront plus alors qu’elles sont en état de le faire, ce qui signifie un manque à gagner de plusieurs milliards d’euros”, dit le vice-Président de RWE.

Certains politiciens allemands poussent aussi à une réorientation de la politique européenne de l‘énergie. La première étape devrait être une modification profonde du traité EURATOM signé en 1957.

“Nous voulons que le traité EURATOM soit modifié. L’impact, le noyau, l’aspect clé de ce traité doit être changé via une réaffectation des budgets dédiés au nucléaire vers ceux consacrés à la recherche sur les énergies renouvelables, la recherche sur l’efficacité énergétique, la recherche en économies d‘énergie”, explique Angelica Schwall-Düren, la ministre allemande chargée des Affaires européennes.

Kalkar. C’est là que la révolution énergétique de l’Allemagne a commencé, il y a 30 ans.

Han Groot Obbink nous ouvre la voie vers le coeur du surgénérateur nucléaire de Kalkar qui n’a jamais été mis en service.

Appelé SNR 300 en raison de sa puissance électrique de 300 MW, c’est l’un des plus importants projets industriels d’Allemagne n’ayant jamais abouti.

C’est aussi quatre milliards d’euros, l’argent des contribuables, partis en fumée.

Et Kalkar c’est désormais un parc d’attractions.

“Wounderland Kalkar” a été créé par un entrepreneur néerlandais qui a racheté le site pour une bouchée de pain.

Il veut d’ailleurs prendre part à la révolution énergétique et a annoncé un plan d’investissement de 10 millions d’euros.

“Nous aussi nous avons des plans incluant les énergie renouvelable. Nous montrons le contraste entre l’ancienne et démodée énergie nucléaire faisant un peu partie du passé et les énergies renouvelables représentant une part du futur. Nous avons proposé aux fournisseurs locaux d‘énergie et aux autorités locales de nous laisser construire des éoliennes. Par ailleurs, il existe un potentiel pour l’installation des centrales biogaz et il y a de nombreux toits, une surface suffisamment grande pour produire de l‘énergie photovoltaique”, détaille Han Groot Obbink.

Mais il existe un autre problème bien réel et lié à la révolution énergétique allemande, le charbon.

Dans tout le pays, sont construites d‘énormes centrales électriques à charbon, ce qui signifie une importante production de CO2.

Des entreprises comme GDF SUEZ, en charge du projet “Wilhelmshaven” dans le nord de l’Allemagne font valoir que ces usines sont «moins sales» que les anciennes. Reste que le taux de CO2 monte en flèche, comparé aux sources d‘énergie renouvelables.

La petite ville de Laufenburg sur le Rhin est moitié suisse, moitié allemande. Ici se trouve le siège du “Schluchseewerke” et à une demi-heure de là, un tunnel, fermé au public, qui descend au coeur du massif montagneux de La forêt noire.

Ici, nous espérons obtenir, peut-être, quelques réponses à un autre grand problème lié à la révolution énergétique de l’Allemagne: le manque crucial aujourd’hui de possibilité de stockage d‘énergie. Où et comment conserver l’excédent d‘énergie produit par le soleil et le vent?

D’immenses salle de machines se trouvent à 600m sous-terre et un lac artificiel a été créé au sommet de la colline. Les énergies éoliennes et solaires produites sont transformées temporairement en énergie hydraulique.

Le principe est assez simple, lorsque la consommation d‘énergie augmente, l’eau est acheminée en aval pour produire de l‘électricité.

Quand la production industrielle et la demande d‘énergie privée est faible, l‘électricité excédentaire est utilisée pour remplir le lac artificiel en amont.

Sur le long terme, les sources d‘énergie renouvelables signifieront un baisse des prix

– Le soleil et le vent sont gratuits et il n’y a ni combustibles ni droits d‘émission de CO2 à payer –

Mais dans une perspective à court terme, les Allemands et leurs voisins auront à débourser plus, selon les experts de l’Institut d’Ecologie de Fribourg.

Depuis le massif de La Forêt noire dans le sud de l’Allemagne on peut apercevoir une centrale nucléaire suisse. La Suisse a elle aussi décidé de se retirer de l‘énergie nucléaire. Mais pour réussir la révolution énergétique il faut d’abord réussir à surmonter le défi dit du “triple I”, l’invention, l’investissement, l’innovation.

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